Les progrès accomplis
Des rivières plus libres et plus saines
Entre 2018 et 2023, plus de 800 barrages ou anciens aménagements affectant particulièrement le fonctionnement des cours d’eau ont été supprimés ou équipés, permettant le déplacement naturel des poissons et des sédiments, ainsi que le développement d’activités nautiques. 2 400 km de cours d’eau ont été restaurés sur le bassin, et des espèces emblématiques des eaux courantes de bonne qualité, comme la truite de mer, la truite commune, le saumon, ou le chabot, viennent recoloniser les rivières.
Des efforts réalisés pour stopper la disparition des zones humides
Entre 2018 et 2023, le financement de l’agence de l’eau et des acteurs du territoire a permis l’acquisition de plus de 1700 hectares de milieux humides, et la restauration de 2150 hectares, permettant ainsi leur préservation.
Les problématiques persistantes
Des habitats dégradés et des berges artificialisées, nuisant à la qualité de l’eau et à la biodiversité
La « morphologie » des cours d’eau, c’est-à-dire la manière dont ils s’écoulent et les habitats qu’ils offrent à la faune et la flore, est un des facteurs clés de leur bon état écologique. Les détériorations de l’hydromorphologie entraînent des répercussions importantes sur le fonctionnement des milieux aquatiques. Elles entravent le déplacement naturel des sédiments et des espèces, altérant la diversité et la qualité des habitats biologiques indispensables à la reproduction, à la nutrition et au repos de la faune aquatique.
Les ruisseaux, essentiels pour la qualité et la quantité des ressources, peu considérés
Trop peu considérés, les petits cours d’eau et ruisseaux proches des sources, mares et zones humides, sont des territoires essentiels dans le fonctionnement du cycle de l’eau. Ils disparaissent pourtant chaque année notamment du fait de l’artificialisation. Liés aux changements climatiques, la baisse des débits des cours d’eau, l’accroissement de l’intensité des événements pluvieux, et la hausse de la température de l’eau, rendent d’autant plus cruciale leur restauration.
L’élevage en prairie toujours en recul
L’élevage bovin en prairie continue de décroitre sur le pourtour du bassin, entraînant la disparition des prairies : pourtant celles-ci jouent un rôle essentiel dans la protection des eaux souterraines des pollutions par les nitrates, et dans la préservation des paysages et des écosystèmes. Entre 2010 et 2020, le bassin Seine-Normandie a perdu 2% de ses surfaces en prairies. D’importantes pertes avaient été observées auparavant depuis les années 1970, au profit d’autres systèmes de culture, du fait de l’urbanisation, ou de la fermeture des paysages par la forêt.
Ce qu’il nous reste à faire, propositions
Poursuivre la restauration des continuités naturelles, des rivières et des milieux humides, et augmenter les efforts de pédagogie
Malgré les efforts accomplis sur le bassin, un tiers des 15000 obstacles à l’écoulement des cours d’eau pourrait être traité à l’avenir notamment pour améliorer la gestion des inondations. Ces travaux modifiant le paysage local, ils nécessitent des discussions avec les propriétaires des ouvrages (le plus souvent privés) et l’ensemble des riverains, et un accompagnement au-delà de l’aspect financier est crucial.
De même, multiplier les actions de pédagogie sur les services écosystémiques rendus par les rivières et les milieux humides est primordial : en plus de permettre l’autoépuration et l’oxygénation de l’eau nécessaires à la vie aquatique, une rivière qui circule peut déborder dans des zones où l’occupation humaine est moins forte, et participer ainsi à la prévention des inondations tout en contribuant à recharger les nappes. Une rivière végétalisée est aussi une rivière en bonne santé : la présence de ripisylve permet de rafraîchir la température de l’eau et de stocker du carbone. Les milieux humides, fragiles, alimentent les cours d’eau par leur rôle « d’éponges », limitent les petites crues, filtrent l’eau des pollutions, et constituent des réservoirs de biodiversité enrichissant les écosystèmes au long des rivières.
Sauvegarder l’élevage extensif pour un maintien des prairies au regard de leurs multiples fonctions
Lorsqu’elles sont bien gérées, les prairies rendent de nombreux services à l’homme et à la nature : elles préviennent de l’érosion des sols, infiltrent l’eau, stockent du carbone, fournissent des habitats à la biodiversité, et sont source de création d’emplois dans les zones au terrain difficile. Le recul des prairies est une problématique concernant l’ensemble du bassin notamment le littoral où l’élevage est très présent.
Eviter les pratiques du sol dommageables aux milieux aquatiques et humides
Entre les années 1970 et 1990, le drainage des terres agricoles a été important sur les terrains du bassin. Cette pratique moins développée que par le passé, est réglementée au-delà de 20 hectares drainés afin de limiter son impact. Pour les drainages existants, la mise en œuvre de zone tampon en sortie de drainage permet de réduire le risque de lessivage des produits phytosanitaires et des nitrates.
La sylviculture avec le passage répété d’engins, les plantations monospécifiques de résineux, ou la surexploitation du bois, peuvent affecter l’eau, les sols et la biodiversité en particulier sur les très petits cours d’eau, lieux de reproduction et de nourricerie pour les espèces aquatiques. De nombreux exemples, conduits notamment avec des agriculteurs et avec l’Office national des forêts (ONF), montrent qu’il est possible de généraliser des systèmes et pratiques agricoles et sylvicoles compatibles avec le bon fonctionnement des milieux aquatiques et humides.
Maîtriser l’impact de l’extraction de granulats
Les carrières destinées à extraire des matériaux de type galets, graviers et sables, sont dans la majorité des cas localisées dans les lits majeurs des cours d’eau voire sur le littoral. Afin de réduire l’exploitation des ressources alluvionnaires au sein de ces milieux à enjeux, il est important de développer la filière de recyclage des matériaux issus de démolition ainsi que les matériaux de substitution. Les remises en état après exploitation ou en cours d’exploitation, telles que pratiquées aujourd’hui, doivent permettre de prendre en compte les enjeux écologiques locaux identifiés avant exploitation et de contribuer à la biodiversité à plus large échelle.
Maîtriser l’étalement urbain
L’expansion urbaine, particulièrement intense ces vingt dernières années, s’exprime par le développement de l’habitat pavillonnaire, de la voirie, de plateformes logistiques et par le comblement des espaces libres en ville. Le phénomène s’accompagne souvent de la rectification des cours d’eau, du drainage des parcelles humides, et d’une certaine uniformisation des paysages. En Île-de-France, la majorité des terres artificialisées le sont au détriment de terres arables de très bonne qualité.
Pour préserver la biodiversité et la qualité de vie des habitants d’un territoire, les documents d’urbanismes pourraient inscrire la préservation d’habitats spécifiques ou de mosaïques paysagères (friches industrielles, zones humides, parcs et jardins, trame verte et bleue…).